16ème Congrès Français de Psychiatrie

L’éthique de la discussion et l’esprit du rétablissement

Argument
Nous disposons aujourd’hui d’une palette d’outils ou d’interventions spécifiques réputées soutenir le processus de rétablissement. Il peut cependant arriver que ces interventions soient proposées et mises en œuvre d’une manière telle qu’on doive constater que fait défaut ce qu’on pourrait appeler “l’esprit du rétablissement”, alors qu’à l’inverse certaines pratiques, bien que ne recourant pas explicitement à ces interventions recommandées, offrent un cadre clairement propice à soutenir le rétablissement.
La question dès lors est de savoir s’il est possible de préciser en quoi consiste cet “esprit du rétablissement”, ou du moins ce qui peut contribuer à son émergence.
Telle est la question que nous proposons comme thème de cette Journée de l’ACCompagnement.
Entendue en ce sens, la notion d’esprit ne relève-t-elle pas du type même de réalité inobjectivable, et pourtant perceptible, notamment par ses effets, individuels et collectifs, comme cela peut être le cas par exemple d’une ambiance ?

Ce caractère inobjectivable, difficilement définissable, n’est-il pas lié au fait que cet esprit est lié à l’équilibre à ajuster continument, et selon les situations, entre des principes en tension : entre autonomisation et protection, entre prise en compte des ressources et vulnérabilité des personnes, entre attention aux besoins et souci des droits, entre savoir expert et empathie, entre connaissance des troubles et reconnaissance de la personne dans sa singularité (A. Honneth), entre esprit de géométrie et esprit de finesse (B. Pascal) ? La polysémie du terme « esprit » peut-elle nous aider à reconnaître, voire à articuler, la pluralité des perspectives pertinentes, des dimensions à prendre en compte, des relations à optimiser pour favoriser et soutenir l’engagement dans un parcours de rétablissement ?